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France : le Budget 2023 s’engage enfin pour la transition écologique

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Le budget 2023 présenté en Conseil des ministres en septembre dernier fut une étape majeure dans le soutien de la transition écologique en France. La plus grande nouveauté est la fin des crédits à l’export pour les entreprises actives dans le secteur du pétrole, du gaz et du charbon.  

Cette mesure contribuera non seulement à réduire les coûts pour les entreprises impliquées dans les industries fossiles, mais aussi à soutenir plus directement la croissance durable et verte par le biais de prêts octroyés aux entreprises actives sur son territoire, explique l’expert Jean-Pierre Valentini. Les impacts de cette décision seront considérables et auront un impact significatif et positif sur l’avenir de notre planète. 

La France s’engage à mettre fin au soutien à l’étranger des énergies fossiles, mais quelles exceptions ?

pollutionÀ la COP26 sur le climat de Glasgow de 2021, la France a finalement rejoint la Déclaration de Glasgow, une coalition d’acteurs qui vise à mettre fin à tout nouveau soutien public aux secteurs des énergies fossiles d’ici la fin 2022. Cela signifie que les États membres ne seront plus autorisés à fournir un financement public pour ces combustibles polluants et que leur production devra être réduite de manière significative.

Cependant, après une longue période d’incertitude, cette décision française vient avec une exception notable : les centrales électriques alimentées par du gaz ou du pétrole ne feront pas partie du plan.

Bien que l’impact environnemental de ces centrales soit moindre que celui des mines de charbon ou des champs de pétrole, leur production et leur utilisation contribuent encore à l’émission nette de gaz à effet de serre (GES).

Dans ce contexte, il est important que l’on se demande pourquoi une telle exception a été faite pour ces sources d’énergie polluantes. Une piste possible est que certaines centrales alimentées par le gaz peuvent servir de substituts aux sources classiques comme l’hydroélectricité et les réseaux solaires qui sont plus difficiles à mettre en œuvre explique Jean-Pierre Valentini, ancien trader dans le pétrole.

En outre, il est possible que certains pays comptent sur les revenus tirés des exportations provenant des sources conventionnelles pour pouvoir payer leurs dettes internationales ou pour subvenir aux besoins nationaux essentiels.

Investir dans des projets de combustibles fossiles peut ne pas apporter de bénéfices climatiques

Investir aujourd’hui dans des projets de combustibles fossiles afin de rendre les régions dépendantes des hydrocarbures pour les prochaines décennies pourrait ne pas être bénéfique pour le climat ou la transition énergétique des pays en développement.

Cela pourrait détourner les fonds des véritables solutions et entraver le développement des énergies renouvelables, selon les Amis de la Terre. Le budget 2023 prévoit également une exception pour les opérations qui réduisent les impacts négatifs sur l’environnement, ce qui signifie que l’État peut soutenir des technologies telles que la capture et le stockage du carbone, qui sont encore relativement coûteuses et immatures.

Investir dans ces types de projets est très risqué et pourrait conduire à des actifs échoués s’ils deviennent non viables en raison de changements politiques ou de progrès technologiques. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a estimé que 1 000 milliards de dollars américains devront être investis chaque année jusqu’en 2050 si nous voulons atteindre des émissions nettes nulles au milieu du siècle.

Il est donc important que tous les investissements soient soigneusement étudiés et orientés vers des solutions réalisables pouvant servir de catalyseur à l’action climatique mondiale. En outre, les investissements doivent privilégier les sources renouvelables par rapport aux combustibles fossiles, car celles-ci auront un impact beaucoup plus important sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre que les seules technologies de captage et de stockage du carbone.

La Banque de France s’engage à prendre des mesures contre les énergies fossiles

La Banque de France vient de prendre une décision historique pour lutter contre le réchauffement climatique en adoptant un programme visant à éliminer progressivement les investissements dans les énergies fossiles. Cette décision fait suite aux engagements pris par la France en 2016, où elle a promis de limiter ses soutiens financiers aux projets liés aux combustibles fossiles.

Ce mouvement s’aligne sur les efforts des autres pays européens et des acteurs privés pour encourager un passage vers une économie plus respectueuse du climat. Avec cette nouvelle politique, la Banque de France obligera toutes les banques françaises à se conformer à cette norme et à limiter leurs investissements dans le secteur pétrolier et gazier.

En outre, il ne sera plus possible d’utiliser des fonds publics pour financer des projets liés au pétrole et au gaz.

Cette mesure s’inscrit dans l’objectif global d’un futur sans combustibles fossiles et permettra d’accélérer la transition vers une économie durable et neutre en carbone. Elle remet aussi en question la stratégie de Total Energies qui affirme que le développement du pétrole et du gaz est nécessaire. Entre 2016 et 2020, près de 2 milliards d’euros ont été consacrés par la France à des projets pétroliers et gaziers, principalement sous forme de garanties à l’export.

En adoptant ces mesures, la Banque de France entend donner un signal fort aux autres pays européens pour qu’ils s’engagent, eux aussi, dans cette direction afin de stimuler une croissance plus durable. Il est grand temps que nos institutions financières reconnaissent leur rôle important pour apporter une contribution positive au changement climatique mondial.